Le Canoë Club de France
section d'Orléans
Avant le CKCO

Avant toute chose, évitons les anachronismes et autres malentendus historiques sur le terme même de "canoë". S'il provient, comme notre "canot", du mot arawak "canoa", il arrive en France venu d'Angleterre au début des années 1880 pour désigner la légère embarcation servant à de longues croisières, en solitaire ou à deux le plus souvent, quelque soit le mode de propulsion. Les Français construisent des canoës à l'aviron (les premiers se sont appellés "Funny de voyage") alliant finesse, légèreté et solidité : coque à clins entre 6,5m et 7,5m pontée en bois avec siège pour barreur. Ce type de bateau devient vite populaire dans les clubs d'aviron où il sert soit de bateau d'entrainement pour les scullers, soit de bateau de course pour les longues distances, discipline mise à la mode par les vétérans et les "indépendants". Juqu'en 1910, cette embarcation est appellée canoë, tout simplement. Durant les 20 dernières années du XIXème, les essais d'importation de canoës canadiens et anglais ont tous échoués ! Vers 1910, l'appellation "canoë français" voit le jour parce les "canadiennes" ou les "indiennes" commencent à essaimer en France.

En 1904, Albert Glandaz fonde une section "Canoë Club" à l'intérieur de la prestigieuse Société Nautique de la Basse-Seine et lance, dans les colonnes du Yacht, un concours de plans de canoës. Son objectif consiste à trouver l'embarcation idéale pour explorer les innombrables cours d'eau, aussi demande-t-il aux participants du concours de concevoir des bateaux allant ausi bien à la voile, à la pagaie qu'à l'aviron. Les meilleurs plans sont construits au frais d'A. Glandaz et prêtés par celui-ci pour un nouveau concours : celui du meilleur récit de croisière. La section CC de la SNBS se rend rapidement indépendant, "squatte" les salons du Yacht Club de France et prend le nom de Canoë Club de France. Son objectif est entièrement tourné vers la croisière et A. Glandaz récompense largement les meilleurs narrations de descentes accompagnées de tous les renseignements techniques. Toute autre compétition est formellement proscrite.

Le Canoë Club de France, avant d'essaimer largement en province au milieu des années 1920-1930, va créer à Orléans, en 1911, sa première "succursale" hors Paris. Cette section orléanaise se fait nettement remarquer aux grandes régates de mai 1914 en présentant "toute une flotille de canoës". Et cette flotte sort tout droit d'un constructeur orléanais, Pierre Bertrand. Autant dire qu'Orléans, après Paris, est largement en avance sur le reste de la France !

Entre les deux guerres, la compétition n'est toujours pas acceptée au Canoë Club de France. La seule émulation, très puissante toutefois, consiste à faire des "premières" et à rechercher des difficultés croissantes. Le canoë canadien et l'utilisation de la méthode de la pagaie simple apportée par Rouan supplantent toutes les autres embarcations et modes de propulsion. L'introduction du canoë et du kayak aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 va pourtant faire évoluer les mentalités françaises. La guerre, en jetant à bas le pont de Vierzon, va créer un formidable stade d'eaux vives à deux pas du centre d'Orléans. Comment empêcher les jeunes d'aller y jouer ? En s'amusant, les gamins s'entrainent sans s'en rendre compte pour les futures compétitions... dont ils trusteront les places d'honneur !

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